Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Créations autour de Julien
4 juillet 2010

MASQUARADE

Des années pour me façonner une image, pas toujours celle qui me ressemble, ni celle que j’aurais voulue, mais elle est convenable, elle plaît au plus grand nombre. Le masque est fragile, faut pas trop tirer dessus, mais il tient bon. Sous le masque, il y a le feu, mais personne ne s’en doute. Sous le masque, il y a aussi des envols, des océans, des jungles, des cérémonies, des voyages, …. des carnavals parfois ! Muets. Il y a longtemps que pour être acceptable, j’ai bâillonné ce tumulte intérieur.

Toutes ces déraisons reposent au fond, comme une vase terreuse indécelable sous la surface cristalline et paisible. Moi-même, j’ai oublié qu’elles dormaient là.

Puis un jour, il déboule en tempête et ses rafales soulèvent la surface de l’eau. Quelques bulles remontent en tournoyant, quelques fragments ternis qui reprennent couleur en émergeant. Emerveillement et frayeur conjugés. J’attends que le calme revienne. Mais ce qui a été dérangé ne veut plus dormir.

Et c’est tout d’abord l’angoisse de ne pouvoir contenir le tournoiement multicolore qui vrille les certitudes et scie le masque en deux. La gêne de me trouver soudain à visage découvert et de m’apercevoir que les autres ne me reconnaissent pas. Vite, vite, il faudrait se replier, bernard l’hermite au fond de la coquille. Rebarbouiller les apparences. Etouffer le fracas. Pour à nouveau ne pas déranger, ne pas dénoter.

Mais lui face à moi, me sonde, me bouscule, me gifle, me tord,. Chaque atome de son être me crie « sur les murs de ton ennui, sur ta bouche trop serrée, sur tes désirs réprimés, j’écris mon nom : liberté ».

Alors la vie se ranime avec le mouvement et la joie rejaillit. J’avais oublié depuis tout ce temps immobile. Je peux encore vibrer ? Tout n’est pas mort, vraiment ? Trouver la force de me montrer démasquée, de ne pas taire les questions. Le cheminement est long, complexe, exigeant. Mais derrière les remparts qui vacillent, la douleur d’exposer ma peau blême au soleil, la peur de devenir visible, il y a « moi » qui ne veut plus de cette anesthésie. « Moi », cette inconnue que je ne peux plus ensevelir. Elle resplendit et elle parle. Elle dit que l’immobilité est mortifère, que les faux-semblants l’assassinent, que le silence l’abolit et qu’elle veut vivre.

Publicité
Publicité
Commentaires
Créations autour de Julien
Publicité
Derniers commentaires
Publicité