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Créations autour de Julien
4 décembre 2007

Incendiées jusqu'à l'âme



Une fois de plus, faut-il croire au hasard ? Le choix des titres interprétés par Julien tout au long du parcours Nouvelle Star me laisse songeuse. Après nous avoir confié qu’il se sentait « like a virgin » lors de sa première prestation, nous avoir subjuguées en nous susurrant des « mots bleus », nous avoir laissées interdites sur le seuil du « Heartbreak Hotel » et nous avoir révélé qu’après lui, notre vie ne serait plus jamais « comme d’habitude », le voici qui surgit sur fond de feu d’artifice et de comètes en fusion pour nous exhorter à allumer son feu. Stupéfaction ! Allumer son feu ? En est-il besoin ? Le temps de nous poser cette question, il est déjà trop tard, la scène s’embrase, la flamme ravage nos cœurs. J’ai en tête l’obsédante image d’Attila, roi des Huns, vous savez, là où il passe, l’herbe ne repousse plus. Sauf qu’avec Julien, au lieu de se retrouver sur une terre dévastée, nous marchons dans les épis drus d’un champ fertile, enrichi par l’ardente lave de sa voix.

De l’introduction toute en subtiles glissades jusqu’à la montée progressive de l’incendie, Julien utilise habilement toute la symbolique du feu. Il nous envoie la foudre et le soleil, le feu purificateur, la passion brûlante, l’esprit flamboyant, l’instrument du démiurge et la géhenne éternelle. Et ces flammes nous font virevolter comme des petits papiers cramoisis qui s’élèvent sous la poussée du brasier. Jeanne d’Arc consentantes, nous sommes prêtes à marcher au bûcher. Nos pensées sont faites d’immolations sulfureuses, nous venons de recevoir sur nos têtes bouleversées les langues de feu de cet esprit divin.

Comme toujours avec Julien, rien n’est laissé au hasard. Sa coiffure elle-même est un signe évident, son visage est léché par une cascade de mèches désordonnées comme autant de dansantes flammèches. Sa façon de tanguer en descendant l’escalier évoque irrésistiblement les ondulations d’une flamme vive. Et plus il titube, notre feu follet, plus nous vacillons avec lui.

Là où l’on attendait un charmant jeune homme armé d’un petit briquet pour allumer une modeste bougie, Julien s’est emparé d’un lance-flammes et incendie Baltard. Où a-t’il bien pu dérober un tel feu, notre contemporain Prométhée ? A quel dieu ombrageux a-t-il ravi une telle puissance ? Ne risque-t’il pas un châtiment atroce en retour ? Mais Julien n’en a cure, la peur a disparu, la maîtrise est totale et la salamandre se met à danser dans la fournaise. Immortalité.

Le feu qu’on croyait destructeur s’est mué en feu de pénétration tel que les Hindous le dépeignent dans la Veda. C’est le feu intimement porteur d’une signification sexuelle universellement liée à la première technique d’obtention du feu par frottement, en va et vient. Et Julien d’apparaître, de disparaître et de réapparaître jusqu’à nous donner le tournis. Sans en avoir la moindre conscience, nous subissons son emprise et nous étonnons de notre anéantissement. Entre alors en jeu le feu obtenu par percussion, celui qui s’apparente à l’éclair et à la flèche, celui qui a valeur d’illumination et Julien, par ses cris, nous emporte au paroxysme du plaisir. Défiant tous les risques de brûlure, d’asphyxie et d’empoisonnement, nous nous jetons dans les bras du dragon fabuleux, impudent boute feu, scandaleux incendiaire.

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