REDHIBITOIRE OR NOT

Hier, Pomme nous a mis un lien vers le site de l’Académie des Beaux-Arts de Nîmes et l’on peut y découvrir une photo où Julien se fait vomir. S’il y a bien une pensée ou un sujet qui me dégoûte, c’est tout ce qui se rapporte au vomissement. Rien que d’y songer, j’en ai illico des nausées et je supporte encore moins de voir quelqu’un malade. Je me suis dit que je n’arriverais sans doute pas à regarder cette photo et qu’il valait mieux que je m’abstienne, sous peine de ne plus pouvoir idéaliser Julien. Mais ma curiosité fut la plus forte. Et là, stupéfaction ! Puisque c’est lui, cela ne me dérange pas. Même dans cette situation incongrue, je continue à le trouver séduisant. Il faut le faire !!! Et je me suis demandé jusqu’où je serais prête à aller dans l’acceptation. Serais-je disposée à admettre chez lui ce que je ne tolère chez personne d’autre ? J’ai bien peur que la réponse soit oui, même si je sais qu’il existe néanmoins des limites.

Alors, qu’est-ce qui serait totalement rédhibitoire ? Que voici, que voilà, un mot que j’aime bien !! Il m’a toujours fait rire, ne me demandez pas pourquoi ! Bon, déjà je sais que le voir vomir ou se mettre un doigt dans le nez ne me dérange pas ! S’il montrait ses fesses à des journalistes, je n’y verrais personnellement aucune objection et s’il décidait de se faire photographier nu pour un nouveau reportage Playboy, je ne vois vraiment pas quelle raison j’aurais de protester !! Bref, tout ce qui se rapporte à l’exposition de l’intimité et du trivial ne me met pas mal à l’aise, pourvu que Julien en soit le metteur en scène et non la victime ignorante. Les photos volées ne m’intéressent pas et encore moins si une autre personne y figure.

J’admettrais également sans le moindre problème que Julien se plante ! Je suis intimement persuadée que cette catastrophe n’aura pas lieu, mais si la chose devait, par malheur, advenir, j’ai une confiance suffisante en lui pour lui octroyer le droit à l’erreur. Qui, parmi les grands artistes, qu’il s’agisse de chanteurs, d’acteurs, de peintres, d’écrivains, ne s’est jamais planté ? Qui n’a jamais fait un mauvais choix ? Que les menteurs lèvent la main, parce que celui qui se proclame infaillible présente déjà la vertigineuse faille de se croire parfait. C’est précisément dans un moment de doute ou d’égarement que Julien aurait plus que jamais besoin de notre soutien et je ne me vois vraiment pas l’abandonner.

Alors, que pourrait faire Julien pour vraiment me décevoir ou modifier mon avis à son sujet ? Je pense que je ne supporterais pas qu’il soit violent. Je ne parle pas ici d’un coup de colère, d’une gifle qui peut partir dans un moment d’agacement, non, j’évoque la vraie violence, celle qui s’exerce de manière répétitive sur les plus faibles. Les hommes qui battent leur compagne ou leur enfant sont des monstres. C’est totalement inacceptable, tout simplement. En poussant le raisonnement plus loin, je ne pourrais pas non plus tolérer qu’il tue quelqu’un, même dans un accès de colère ou dans un état second, comme Bertrand Cantat. Là, je pense que ma passion s’éteindrait d’un seul coup, comme on souffle une bougie. Heureusement, lorsque je regarde Julien, si j’aperçois parfois une certaine violence, elle est davantage retournée vers lui-même que destinée aux autres ou alors elle trouve un exutoire idéal dans l’exaltation de la scène.

A ce point de mon texte, vous pourriez me dire, avec raison, « stop !!! Il s’agit de sa vie privée et tout cela ne nous regarde pas ! Nous parlons de l’artiste et de ce qu’il offre au public. Ce qu’il est en privé n’a pas à être pris en considération ». Et là ressurgit le vieux débat qui m’a tant de fois interpellée : faut-il séparer l’homme de l’artiste ? Je vous avouerai que je n’ai pas encore trouvé une réponse satisfaisante, mais je sais que dans un certain nombre de cas, j’ai un peu de mal avec un artiste talentueux qui se révèle un salaud dans la vie. J’ai lu le « Voyage au bout de la nuit » de Céline lorsque j’étais ado et j’ai trouvé le livre fabuleusement bien écrit, mais c’était avant ….. avant que je n’apprenne la vérité. Et depuis, je n’ai plus pu ouvrir un seul livre de cet auteur. Mais mon attitude n’est pas toujours aussi nette, car je ne peux m’empêcher d’admirer Caravage en sachant très bien que c’était un fameux voyou ! Tout est sans doute question de sensibilité et de blocage personnels. J’espère donc que vous ne m’en voudrez pas si je poursuis ma petite introspection juliennale et si j’envisage des hypothèses qui pourraient peut-être vous mettre mal à l’aise.

Autre point que je ne pourrais admettre sans que soit mise à mal ma mythologie personnelle : c’est que Julien vote Jean-Marie Le Pen ! Ca couperait net mon élan, c’est certain ! Mais je pense que nous pouvons d’emblée écarter cette hypothèse : ni Le Pen, ni Sarkozy, cela me semble assez évident ! Je ne veux même pas savoir vers qui vont ses convictions politiques, je veux juste qu’il ne soutienne pas l’extrême droite. Je ne souhaite pas non plus qu’il s’engage politiquement comme certains artistes se sentent « obligés » de le faire, je trouve que l’art est un domaine à part qui doit rester soigneusement séparé du reste. Mais en l’occurrence, la décision ne m’appartient pas !

Alors ? Que pourrait-il encore faire que je trouverais totalement inadmissible ? Ah oui, je sais, je ne supporterais pas qu’il trahisse ses amis, qu’il laisse tomber les DUE, mais de façon insidieuse. Dans la vie, tout peut arriver et on n’est pas toujours à l’abri d’une décision difficile, mais dans ce cas, il faut avoir le courage de parler en face, d’expliquer les choses, de justifier ses choix. Si un jour (que j’espère ne jamais voir advenir), Julien était amené à choisir entre une carrière solo et une avec son groupe, quelle que soit sa décision, j’apprécierais beaucoup qu’il mette tous ses sentiments sur la table face à ses amis. En outre, j’ai tendance à penser que dans un tel dilemme, il serait prêt à sacrifier sa carrière dorée au profit d’une goldyesque, peut-être moins glorieuse, mais plus conforme à ses convictions.

Je cherche encore, voyons, voyons .... !!! Ah oui, je ne supporterais pas qu’il soit misogyne ! Une petite dose de machisme raisonnable peut encore passer, mais vraiment le mépris de la femme, non, je ne pourrais pas l’encaisser. Une fois encore, je respire ! Tout dans son comportement trahit une délicatesse et une attention qui me touchent. Il suffit de le revoir avec Julie en dehors des primes ou pendant la tournée pour s’en apercevoir. Bon, c’est vrai, il lâche bien une petite taquinerie de temps à autre, mais le respect fondamental ne lui fait pas défaut, c’est sûr !

Soulevons maintenant un point épineux qui a suscité pas mal de débats à une certaine époque, si vous voyez à quoi je fais allusion ! J’encaisserais mal le fait que Julien soit un drogué fini et ici, je ne parle pas de boire une bière (ou deux ou trois) avec ses potes ou de fumer un joint, non vraiment accro aux drogues dures. Mais ça, je n’y ai jamais cru une seule seconde, malgré toutes les médisances que j’ai pu lire. En fait, je ne supporterais pas de voir Julien se détruire d’une manière ou d’une autre et ruiner son talent sous l’emprise de substances létales. Mais je le sais assez intelligent pour éviter ce genre de piège et sa lucidité est pour moi le meilleur des garde-fous.

Il me semble à présent avoir fait le tour de la question. En dehors des éléments que je viens de citer, je ne crois pas que quoique ce soit puisse me détourner de Julien et m’empêcher de lui vouer une admiration sans bornes. Ah si !!! Une toute dernière chose ... et d’importance ! Je ne pourrais jamais approuver si un jour il disparaissait de mon horizon, s’il choisissait le silence, l’absence brutale, inexpliquée, inexplicable. Se lever un matin et apprendre que Julien Doré a décidé de tout plaquer d’un coup ! Ca, ça me fait vraiment peur !! D’autant plus que cet événement est dans l’ordre des possibles. Et là, bien que respectant sa décision, je pense que je lui en voudrais vraiment beaucoup et que je ne pourrais pas m’empêcher d’être très égoïste, de me lamenter sur mon manque de lui, de l’accuser de m’avoir arraché mon rêve et ça, ce serait totalement rédhibitoire.